son sang
c’est de l’encre de chine
à l’encre de seiche
à l’ancre qui sèche
son sang
c’est de l’encre de chine
à l’encre de seiche
à l’ancre qui sèche
Être libéré de cette mentalité
grecque qui voulait que l’homme
qu’il représente soit parfait : moi,
ce n’est pas mon souci, car j’ai vu
des personnes difformes qui une fois
habillées sont méconnaissables.
Le corps n’est pas parfait.
Quand quelque chose n’est pas à
sa place, il faut parfois le laisser,
ça peut donner de la puissance à
l’ensemble. Dans mon esprit, je ne
peux m’imaginer un homme parfait.
Je m’adresse
à tout le monde, aussi bien les
racistes que ceux qui ne le sont
pas. Je ne comprends pas ce
qui se passe aujourd’hui. On était
bien accueilli, même sans le
solliciter. Il faut avoir la
franchise de dire que la France vit
avec un phénomène néfaste qui se
diffuse.
***
Ousmane Sow
C’est l’automne,
je tiens ta main,
les feuilles exposées au vent,
comme les mouches
à viande goulues,
s’envolent
du pommier
incapable
d’oublier.
***
Károly Fellinger
Car c’est si beau et immuable –
Mourir jeune, avant le péché.
Mais tes parents, inébranlables,
D’un mari voudront te doter.
Il vaudrait mieux – mais j’ose à peine
Effleurer ces pensées en moi –
Qu’un misérable te malmène
Un soir sans lune, au coin d’un bois.
Robe froissée, tu serais là,
Couchée dans la boulaie déserte,
Un couteau sous ton sein lilas,
Sous ton sein gauche de fillette.
20-21 juillet 1923
Berlin
♦♦♦
Vladislav Khodassévitch (1886-1939)
elle m’avait demandé
en vain
pendant vingt ans d’arrêter
de fumer
je ne lui ai toujours promis qu’à moitié
ce n’était jamais le moment
et ce n’est toujours pas le moment
je fonctionne à ça
ne fonctionne qu’à ça
du matin au soir
dizaines d’ineffables bonheurs par jour
angoisse et euphorie inextricablement tressés
me tuer m’aide à vivre
et je note le mot tuer
l’arme brûlante / brûleuse à la main
***
Lambert Schlechter, poète luxembourgeois né en 1941
Les mots sont gros et forts.
Les chiens se terrent et les enfants
ont peur. Sur la table les
viandes auxquelles on ne touche pas
sont plus saignantes que jamais,
les laits plus pâles qu’à l’ordinaire.
Dehors les éboueurs passent et crient,
les poubelles sont vides et dans la
cuisine les cœurs sont infiniment gros.
***
André Schmitz, poète belge né en 1929