Sur les nuages réside tout ce qu’il me faut :
pressentiments sûrs comme le jour,
certitudes vives comme l’éclair,
sur les nuages moi-même je réside
– blanche, dans un éblouissant soleil,
de ce bonheur hors d’atteinte, je fais des signes d’adieu.
Vertes forêts de ma jeunesse, portez-vous bien.
Des monstres rôdent par là –
jamais plus je ne poserai mon pied sur terre.
Un aigle m’a enlevée sur ses ailes –
loin du monde
j’ai la paix.
Assise sur les nuages, je chante –
des ricanements de vif-argent
tombent en gouttelettes sur la terre –
donnant naissance à des herbes-chatouilles
et à des fleurs-qui-volent.
***
Edith Södergran